Une affaire dEtat
Seule, sur le chemin de retour, Brigitte marchait tranquilement en rentrant chez elle après sa journée d'école. Elle souriait car elle aimait marcher dans l'air vif de l'hiver qui rosissait la peau délicate de son joli visage.
C'était une belle jeune fille de 16 ans dont tous les garçons rêvaient. Il faut dire que c'était une grande beauté avec ses grands yeux noirs ornés de jolis sourcils lui donnant un petit air étonné et ingénu, sa jolie peau blanche si fine qu'on l'eut crue translucide, et sa merveilleuse et épaisse chevelure brune.
Je suis obligé de m'attarder un instant pour la décrire tant il est rare de voire une fille porter une telle crinière.
Ses cheveux étaient si fins qu'ils semblaient être de la soie, mais si drus que l'épaisseur de l'ensemble était extraordinaire. Elle les portait naturellement très longs, et ils descendaient jusqu'à ses petites fesses rondes, où ils s'arrêtaient dans un surcroit d'épaisseur, en belles boucles sauvages, terminant en apothéose les longues ondulations satinées qui couraient sur ses épaules et le long de son dos.
Pas d'entretien particulier pour une si belle et si naturelle chevelure, juste une petite coupe des pointes de loin en loin, et elle se recoiffait simplement en soulevant de sa main gauche les épaisses boucles de sa tête pour les ramener en arrière, dans un geste furtif et inconscient.
Le lourd poids de ce trésor capilaire lui donnait un port de tête altier, dégageant un long cou fin et gracile, et faisait ressortir ses jolis petits seins fermes.
Comme elle arrivait chez elle, elle fut surprise de voir une grosse voiture noire devant le garage, mais sans y prêter plus d'attention, elle rentra dans le vestibule et ota sa grosse veste veste en maille d'Aran, souvenir d'un voyage en Irelande. Elle monta directement dans sa chambre pour faire ses devoirs, sans s'occuper des visiteurs dont elle avait seulement entendu quelques sons de voix.
Elle était habituée à voir des relations de travail de son père à la maison, car celui-ci avait un poste très élevé dans la recherche scientifique, et elle savait qu'il travaillait en ce moment sur un dossier extrêmement important classé secret défense.
Comme ellle s'apprêtait à se mettre au travail, elle entendit son père monter les escaliers, ce qui la surprit un peu, car ce n'était pas dans ses habitudes lorsque des relations de travail se trouvaient là.
Il frappa et entra.
-" Bonjour, ma fille, tu as bien travaillé aujourd'hui ?" Demanda-t-il sur un ton préoccupé.
-" Oui Papa, mais tu abandonne tes collègues pour me poser une question si anodines ?" Lui répondit-elle en le regardant de ses grands yeux noirs encadrés de ses longues boucles brunes.
-" C'est-à-dire que.... Heu... je vais avoir besoin de toi, il faut que tu descende avec moi..." Dit-il sur un ton très embarassé. "Depuis que ta mère est morte, j'ai fait mon possible pour te tenir à l'écart de ma vie professionnelle, mais là je ne puis pas faire autrement, je vais avoir besoin de ta collaboration."
-" Ma collaboration ??" Fit-elle surprise en écartant machinalement une épaisse boucle de ses cheveux qui pendait lourdement le long de sa joue pour aller se reposer lovée sur son sein, comme accrochée sur la laine de son gros pull à col roulé. "...Bien... Je te suis..." Lui dit-elle lentement après réflexion.
Elle se redressa, rejetta la lourde masse de sa chevelure sur son dos avec ses deux mains le long de son cou dans un geste habituel, et ils sortirent de sa chambre.
Dans l'escalier, elle remarqua que son père était particulièrement sombre, et elle n'aimait pas ça.
Loqu'ils pénétrèrent dans le bureau, elle vit qu'il y avait trois personnes dont une femme, qui attira son attention par le contraste de ses cheveux blonds coiffés en un épais chignon très stricte, et son tailleur bleu marine, mais ce fut un des deux hommes -le plu petit- qui ouvrit le dialogue.
- "Bonjour mademoiselle Martin" Dit-il sur un ton officiel. "Et désolé de vous interrompre dans vos activités, mais je crains fort que celles-ci ne soient suspendues pour un bon moment."
Ces mots lachés, un silence profond s'en suivit sous les yeux à la fois étonnés et impressionnés de Brigitte, qui cherchait à comprendre les raisons d'une telle décision.
Après un discret raclement de gorge, le même homme proposa de s'assoire avant de continuer, ce que tout le monde fit excepté le plus grand qui avait une face de rugbyman. Brigitte, tout en s'exécutant promptement, comprit qu'il devait être un garde du corps.
Assise sur le bout d'un gros fauteuil en cuir noir, elle attendait, les bras croisés innondés de ses lourdes boucles, la suite des révélations que devait lui faire cet homme.
- "Je ne vais pas faire de détours inutiles" commenca l'homme qui était aussi le plus agé. "Vous n'êtes pas sans ignorer que votre père dirige actuellement des recherches du plus haut intérêt stratégique, et que celles-ci ont abouti dernièrement."
Elle l'ignorait, mais elle continuait à garder le silence, attendant la suite.
- "Votre père est le seul à connaître une partie des codes de cette opération, que je ne connais pas moi-même, ce qui en fait une cible priviligiée d'un puissant groupe terroriste qui cherche à se les approprier."Après un court silence et un regard perçant de ses yeux gris acier sur la jolie jeune fille, il continua.
- "Nous savons de source sûre que cette organisation a pour projet de vous enlever afin d'extorquer les codes à votre père, et nous sommes ici pour vous mettre à l'écart et vous protéger le temps nécessaire à la mise en route définitive du programme ou vous ne serez plus en danger, ni lui ni vous"
Brigitte, interloquée, regarda son père qui semblait plongé dans ses pensées, comme dans un état second. Elle tourna légèrement la tête vers la femme qui lui fit un pâle sourire, tandis que le gorille regardait dans le vide.
Enfin, le petit homme grisonnant reprit son explication.
- "Ce lieu ou vous serez en sécurité est un hopital pour cancéreux incurables en pleine campagne, qui sert en même temps de base souterraine à nos services de sécurité. Aucun autre endroit au monde ne sera mieux protégé que celui-ci." Après avoir marqué un petit temps de répit en regardant une toile accrochée au mur, il se retourna dans un geste vif et regarda Brigitte dans les yeux en continuant.
"Vous devrez intégrer les services de l'hopital en tant que patiente, et c'est mademoiselle Schmidt, ici présente qui s'occupera de votre protection rapprochée en se faisant passer pour une infirmière."
Brigitte fit volte face dans un cascade de boucles brunes pour regarder sa protectrice qui continuait de lui sourire tout en se levant pour aller chercher son sac à main déposé sur le bureau. Elle chercha le regard de son père qui se dérobait à chaque fois. En même temps, le gorille se déplaçait pour venir se poster juste derrière elle.
L'homme reprit d'une voix sifflante, comme fatiguée.
"Bien entendu vous devez passer pour malade, et c'est une ambulance garée un peu plus loin qui va vous y emmener, mais avant toute chose mademoiselle Schmidt va vous tondre le crâne et...
Il ne put achever tant le cri de la pauvre Brigitte fut perçant.
-"Noooooon, pas mes cheveux, noooon pitiééé !! Nooon !! Fit-elle en éclatant en sanglots.
Pendant ce temps son père qui ne dit mot sortit, ne pouvant plu entendre les cris de sa fille bien aimée,suivi du vieil homme, tandis que le gorille posa ses mains sur ses épaules pour la tenir fermement, elle tentait de se débattre, et celà la rendait encore plus belle car elle semblait habillée de ses longs cheveux qui lui couvraient presque entièrement le visage et le corps de leur soyeuse douceur.
Mais la femme était déjà en train de brancher une grosse tondeuse et elle s'approcha de Brigitte avec un sourire en lui disant que celà repousserait bientôt, et que si ses cheveux lui manquaient quand elle sera chauve, elle pourrait toujours caresser les siens. Elle dit ceci tout en libérant une cascade de longs cheveux blonds qui lui descendaient jusqu'aux reins.
-"Mais maintenant, tu dois être raisonnable et accepter l'inévitable" Lui dit-elle tout en ramassant des poignées de longues boucles brunes. "Ce ne sera pas long, et tu verras comme tu seras mieux quand tu n'auras plus tout ce poids sur la tête."
Elle mit la tondeuse en route dans un sinistre grésillement et posa les lames vibrantes sur le front de l'infortunée Brigitte dont les larmes coulaient sur ses joues. Elle sentit les vibrations des lames mordre la racine de ses longues mèches soyeuses, puis remonter lentement vers le sommet de son crâne et son cuir chevelu. D'épaisses boucles brunes tombaient comme de la soie floche sur son nez avant de s'écraser sur ses genoux. Elle sentait le froid remplacer la douce tièdeur de ses cheveux sur une large bande centrale le long de sa tête.
-"Mes cheveux, Nooooon" criait-elle dans un sursaut d'énergie, mais c'était déjà trop tard, une large alopécie remplacait maintenant sa magnifique parure, de longue mèches gisaient désormais sur ses genoux, sur le sol ou accrochées sur la laine de son gros pull. Elle ne sentait plus leur poids rassurant sur le dessus de son crâne, elle pleurait à chaudes larmes... Elle allait être chauve dans quelques instants... La tondeuse de mademoiselle Schmidt continuait inlassablement à peler cette masse soyeuse, déjà elle sentait l'air frais lui lécher la nuque et l'arrière de son oreille gauche, elle ne sentait plus le contact tiède et soyeux que sur sa joue droite et elle sentait sa tête légèrement désequilibrée vers ce côté.
-"Ce ne sera plus très long maintenant" Lui dit la femme tandis qu'elle nettoyait les lames avec une petite brose. "Dans quelques secondes tu seras complètement chauve"
Et elle remit la tondeuse en route et la posa sur les dernières mèches de Brigitte qui pleurait comme une enfant perdue. Le froid lui glaca progressivement son côté droit, tandis qu'elle se sentit la tête légère, dégagée de tout son poids. Toute sa belle chevelure était désormais inerte, comme morte gisant éparse sur son gros tricot, ses genoux, le fauteuil et le sol.
-"Maintenant, je vais te tondre à blanc avec un rasoir, ma chérie" Lui dit mademoiselle Schmidt "Pour que tu aies le crâne bien lisse, et comme tu as été sage je vais commencer par te raser les sourcils" dit-elle d'un ton badin.
Brigitte pleurait de plus belle avec la bouche ouverte en sentant les lames gratter ses beaux sourcils dont les poils tombaient en pluie fine sur ses joues trempées de larmes abondantes. Le même rasoir accomplit son oeuvre avec autant de dextérité sur son crâne. A l'endroit où elle ne sentait que soyeuse douceur et tiédeur, elle ne ressentait plus que le froid et le sinistre grattement du rasoir sur sa peau dénudée et vulnérable.
-"Voilà, maintenant tu peux la lacher Sergueï, c'est fini." Dit la femme sur un ton autoritaire au gorille qui s'exécuta promptement.
Brigitte porta sucessivement ses mais sur son crâne lisse, sur ses sourcils rasés et sur de longues boucles qu'elle carêssait en sanglotant.
-"Maintenant que tu es prête, nous allons sortir en te tenant comme une grande malade et t'emmener en ambulance à ta nouvelle destination" Lui dit la femme .
En passant dans le vestibule, Brigitte enfila sa grosse veste en laine irlandaise, et elle y trouva accrochée -comme un clin d'oeil à sa splendide chevelure qu'elle arborait encore une heure avant - un long cheveu brun, souvenir de sa défunte parure.